Appel à communication

« CAPITALISME ET THEORIE » Amiens Juin 2025

« CAPITALISME ET THEORIE »

Université de Picardie Jules Verne

Amiens, 11 et 12 Juin 2025

APPEL A COMMUNICATIONS

Les Cahiers d’Économie Politique ont récemment présenté des réflexions sur l’utilité de la

théorie économique (numéro 77), la question de l’exploitation (75), la théorie et l’évolution de

la banque centrale (81), les enjeux environnementaux (79). Il est ici proposé de prolonger ces

réflexions autour de la thématique « Capitalisme et Théorie ».

Depuis environ une quinzaine d’années, la notion de capitalisme a réémergé de manière

marquante dans les discussions académiques, en particulier parmi les historiens, les

sociologues, et les juristes. Ce retour interroge le silence persistant d’une majorité

d’économistes contemporains sur la question, Piketty constituant une exception notoire. Entre

l’économiste « plombier » sommé, pour être utile, de délaisser les sommets de la construction

théorique, et l’économiste analyste des formes historiques et géographiques du capitalisme, il

semble que l’élaboration d’une théorie générale du capitalisme n’apparaisse plus comme un

moyen pertinent ou une condition nécessaire pour promouvoir des remèdes contre la persistance

des inégalités et du chômage, la récurrence des crises financières ou les périls écologiques. Est-

ce réellement le cas et comment l’expliquer ? L’économie peut-elle encore prétendre à une

théorie générale du capitalisme et, si oui, sous quelle forme et dans quel but ? Que nous disent

les théories économiques sur le capitalisme, depuis l’émergence de l’économie politique avec

Quesnay et Smith, prolongée par les analyses de Marx et de Keynes, jusqu’à aujourd’hui, et

qu’ont-elles encore à nous apprendre ?

Afin de tenter de répondre à ces questions, les réflexions proposées pourront s’articuler autour

de trois angles d'analyse : le travail, sous la forme salariale propre au capitalisme ; la monnaie,

de la convention de l’unité de compte à l’institution du système financier ; et la terre, comme

substrat de la production agricole et plus largement comme écosystème planétaire. On aura ici

reconnu les trois marchandises fictives distinguées par Karl Polanyi et retenues par Alain

Supiot.

Pour la plupart des économistes, le travail salarié appartient à la catégorie des relations

marchandes. Cette conception économique du travail comme marchandise reste pourtant sujette

à débats, soit parce qu’elle est jugée réductrice et ignorante des diverses dimensions du travail

(historiques, anthropologiques, morales ou juridiques), soit parce qu’elle serait en contradiction

avec la nature même de la relation entre entrepreneurs et salariés, qui relèverait non d’un

échange volontaire, mais de la contrainte et de rapports asymétriques. Au-delà des

questionnements sur la définition du travail et sa relation avec le salariat, ces débats révèlent de

profondes divergences sur la représentation du capitalisme : selon que le travail salarié est classé

dans la catégorie des relations marchandes (proprement dites ou spécifiques) ou qu'il en est

exclu, c'est la question même de l’identification du capitalisme à l’économie de marché qui est

en jeu. En quoi ces débats nous éclairent sur la possibilité et le sens d’une théorie générale du

capitalisme ? Peut-on encore représenter le salariat d’un point de vue strictement économique

et, si oui, à travers quel type d’abstraction ? Quels seraient les usages d’une théorisation du

capitalisme pour (re)penser la place du travail et du salariat dans notre société ?

Les crises financières sont souvent vues comme les symptômes les plus spectaculaires des

dysfonctionnements du capitalisme. Elles ont été analysées par des économistes politiques

classiques, notamment à partir des débats monétaires britanniques du milieu du dix-neuvième

siècle, et elles continuent de faire l’objet de débats d’ordre théorique, voire épistémologique.

Les crises financières sont-elles de nature exogène ou sont-elles endogènes au fonctionnement

du système de crédit et du capitalisme ? Quels sont les processus qui conduisent à une instabilité

inhérente du système de crédit ? Les théories (anciennes ou plus récentes) des crises monétaires

et financières peuvent-elles contribuer à élaborer une théorie plus générale du capitalisme et, si

oui, de quelle manière ? Plus généralement, quels sont les enjeux analytiques liés à l’élaboration

d’une théorie du capitalisme dans une perspective monétaire ?

La reconnaissance progressive par les économistes de la dégradation des écosystèmes, de

l'épuisement des ressources naturelles et de la montée des nuisances et des pollutions a conduit

à l’émergence d’une pensée économique environnementale. Celle-ci reste toutefois marquée

par un éclatement des perspectives théoriques, témoignant ainsi de la diversité des difficultés

soulevées par la prise en compte des questions écologiques. Que nous enseignent les théories

d’économie de l’environnement et d’économie écologique sur la nature et les mécanismes du

capitalisme ? Parmi les questions posées par l’écologie politique, celle de l’extractivisme,

interroge spécifiquement les mécanismes du capitalisme contemporain sous l’angle des enjeux

environnementaux et climatiques. Que sait-on des relations structurelles entre les dynamiques

d’accumulation et de profit qui sous-tendent la logique capitaliste et les crises écologiques

actuelles ? Quel rôle peut jouer la théorie économique dans la promotion de solutions pratiques

vers des modes de production et de consommation plus durables ?

L’exploration de ces trois thématiques pourrait enfin susciter un retour sur la définition générale

ou abstraite du capitalisme, au-delà de ses formes passées et présentes.

Toutes les propositions, en français ou en anglais, traitant de ces enjeux sont les bienvenues,

qu’elles relèvent de la théorie économique, de la philosophie économique ou de perspectives

interdisciplinaires. Ces journées sont organisées par les Cahiers d’économie politique/Papers

in political economy et l’Université de Picardie Jules Verne et se tiendront les 11 et 12 juin

2025 à Amiens. Les articles présentés pourront alimenter (après une procédure de refereeing)

la publication d’un numéro spécial de la revue à paraître en 2026.

Les propositions (précisant nom, institution, quelques mots clés, et accompagnées d’un résumé

de moins de 700 mots) doivent être envoyées à l’adresse suivante :

conference.cep2025@gmail.com

Envoi des propositions avant le 31 mars 2025

Réponse du comité scientifique avant le 14 avril 2025

Contact : odile.lakomski@u-picardie.fr, olivier.rosell@u-picardie.fr

Comité d’organisation : Odile Lakomski-Laguerre, Nona Nenovska, Olivier Rosell, Gabriel

Tailleur, Slim Thabet.

Comité scientifique : Nathalie Berta, Odile Lakomski-Laguerre, Costas Lapavitsas, Marc

Lavoie, Laurent Le Maux, Patrick Mardellat, Nikolay Nonovsky, Christian Palloix, Claire

Pignol, Nicolas Piluso, Nicolas Postel, Antoine Reberioux, Olivier Rosell, Goulven Rubin,

Laurence Scialom, Fabrice Tricou.

"CAPITALISM AND THEORY”

University of Picardy Jules Verne (Amiens, France)

June 11 and 12, 2025

Call for papers

The Cahiers d'Economie Politique/Papers of Political Economy has recently presented

reflections on the usefulness of economic theory (issue 77), the question of exploitation (75),

the theory and development of central banking (81) and environmental issues (79). We propose

to extend these reflections on the theme of 'capitalism and theory'.

Over the last fifteen years or so, the notion of capitalism has re-emerged in academic

discussions, particularly among historians, sociologists and lawyers. This return raises

questions about the persistent silence of most contemporary economists on the issue, Piketty

being a notable exception. Between the 'plumber's' economist who, in order to be useful, has to

abandon the heights of theoretical construction, and the economist who analyses the historical

and geographical forms of capitalism, it seems that the elaboration of a general theory of

capitalism no longer appears to be a relevant means or a necessary condition for promoting

remedies against the persistence of inequality and unemployment, the recurrence of financial

crises or ecological perils. Is this really the case, and how can it be explained? Can economics

still lay claim to a general theory of capitalism, and if so, in what form and for what purpose?

What do economic theories tell us about capitalism, from the emergence of political economy

with Quesnay and Smith, expanded by the analyses of Marx and Keynes, to the present day,

and what do they still have to teach us?

In an attempt to answer these questions, the proposed reflections will be structured around three

angles of analysis: labour, Work, in the form of wage labour, which is specific to capitalism;

money, from the convention of the unit of account to the institution of the financial system; and

land, as the substrate of agricultural production and, more broadly, as a planetary ecosystem.

These are the three fictitious commodities distinguished by Karl Polanyi and mentioned by

Alain Supiot.

For most economists, wage labour falls under the category of market relations. However, this

economic conception of labour as a commodity remains controversial, either because it is seen

as reductive and ignores the various dimensions of labour (historical, anthropological, moral or

legal), or because it contradicts the nature of the relationship between employers and workers,

which is not based on voluntary exchange but on coercion and asymmetrical relations. Beyond

questions of the definition of work and its relationship to wage labour, these debates reveal

profound differences in the way capitalism is represented: depending on whether wage labour

is included in the category of market relations (properly so-called or specific) or excluded from

it, the very question of capitalism's identification with the market economy is at stake. How do

these debates shed light on the possibility and importance of a general theory of capitalism? Is

it still possible to represent wage labour from a strictly economic point of view, and if so, by

what kind of abstraction? How could a theorisation of capitalism be used to (re)think the place

of labour in our society?

Financial crises are often seen as the most spectacular symptoms of capitalism's malfunctioning.

They have been analysed by classical political economists, notably on the basis of the British

monetary debates of the mid-19th century, and continue to be the subject of theoretical and even

epistemological debate. Are financial crises exogenous or endogenous to the functioning of the

credit system and capitalism? What are the processes that lead to the inherent instability of the

credit system? Can theories (old or new) of monetary and financial crises contribute to a more

general theory of capitalism, and if so, in what way? More generally, what are the analytical

issues involved in developing a theory of capitalism from a monetary perspective?

The gradual recognition by economists of the degradation of ecosystems, the depletion of

natural resources and the increase in nuisances and pollution has led to the emergence of

environmental economics. However, it is still characterised by a fragmentation of theoretical

perspectives, reflecting the diversity of difficulties in dealing with environmental issues. What

can environmental and ecological economics teach us about the nature and mechanisms of

capitalism? Among the questions raised by political ecology, that of extractivism specifically

questions the mechanisms of contemporary capitalism from the perspective of environmental

and climate issues. What do we know about the structural relationships between the dynamics

of accumulation and profit that underpin capitalist logic and the current ecological crises? What

role can economic theory play in promoting practical solutions for more sustainable modes of

production and consumption?

Finally, the exploration of these three themes could lead to a return to the general or abstract

definition of capitalism, beyond its past and present forms.

All proposals, in French or English, dealing with these issues are welcome, whether from

economic theory, economic philosophy or interdisciplinary perspectives. The conference is

organised by Cahiers d'économie politique/Papers in political economy and the University of

Picardy Jules Verne and will be held in Amiens on June 11 and 12, 2025. The papers presented

may contribute (after a refereeing procedure) to the publication of a special issue of the journal

to be published in 2026.

Proposals (including name, institution, some keywords and an abstract of less than 700 words)

should be sent to the following address:

conference.cep2025@gmail.com

Deadline for submission: March 31, 2025

Reply from the scientific committee by: April 14, 2025

Contact: odile.lakomski@u-picardie.fr, olivier.rosell@u-picardie.fr

Organization Committee: Odile Lakomski-Laguerre, Nona Nenovska, Olivier Rosell, Gabriel

Tailleur, Slim Thabet.

Scientific Committee: Nathalie Berta, Odile Lakomski-Laguerre, Costas Lapavitsas, Marc

Lavoie, Laurent Le Maux, Patrick Mardellat, Nikolay Nenovsky, Christian Palloix, Claire

Pignol, Nicolas Piluso, Nicolas Postel, Antoine Reberioux, Olivier Rosell, Goulven Rubin,

Laurence Scialom, Fabrice Tricou.